Qui a inventé le patin ?

Une chaussure sur un patin à glace, datée du 11ème ou douzième siècle, conservée à Saint-Denis (Seine-Saint-Denis). © Jacques Mangin/Unité d'archéologie de la ville de Saint-Denis

Les premiers patins à glace, en os, ne servaient pas à s’amuser, mais à se déplacer. Des chercheurs entendent le démontrer avec une étude détaillée. Cette dernière a mesuré a mesuré les efforts physiques sur une patinoire et pris en compte la disposition fractale des lacs finlandais…

Le patin à glace est manifestement ancien. D’après les archéologues, il serait même l’un des plus vieux moyens de transport, après les pieds. Les premiers patins en os connus datent de cinq mille ans, comme les premiers skis, et ont été retrouvés en Europe centrale et du nord. Deux chercheurs situent l’origine du patinage en Finlande, le pays où la densité de petits lacs est la plus importante au monde si on prend comme unité leur nombre par cent kilomètres carrés.

Selon eux, sur un tel territoire et avec la température basse qui y règne, le patin serait le moyen de locomotion réclamant le moins d’énergie. Pour le démontrer, ils ont lancé cinq volontaires sur la glace d’une patinoire avec des os en guise de patins et ont déterminé le coût métabolique et les vitesses atteintes. Leurs résultats sont précis : pour se déplacer à 1,2 mètre par seconde, leurs patineurs ne dépensent que 4,6 joules par kilogramme corporel et par mètre parcouru.

Cette valeur représente-t-elle une bonne performance ? Oui, répondent les chercheurs, qui affirment même, sur la foi de , qu’elle est optimale, au moins en Finlande. Sur , les scientifiques ont quantifié la réduction de l’effort obtenue en grimpant sur des patins et ont réalisé des simulations pour plusieurs régions, différant par la densité, le nombre et les tailles des surfaces gelées. D’après leur modèle, c’est en Finlande, où  la répartition des lacs obéit à une loi fractale, que l’on a le plus intérêt à patiner. Lors de la  froide, le gain obtenu atteindrait 10 % des dépenses énergétiques nécessaires à la survie.

Sans méthode pour calculer leur dépenses métaboliques ni réaliser des simulations numériques, les chasseurs de la fin du néolithique étaient parvenus à la même conclusion. Il semble vraisemblable aux chercheurs que c’est dans cette région qu’est née la pratique de la glisse puisqu’elle y est plus profitable que partout ailleurs.

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Au Canada, selon la légende, les Iroquois se seraient adonnés au patinage chaussés de mocassins auxquels ils auraient fixé des tibias d’animaux à l’aide de lanières de cuir. Les explorateurs français auraient patiné en Acadie dès 1604.

Au Moyen Âge, on le pratique aussi sur les canaux en Hollande et, au XVIIe siècle, il serait apparu en Angleterre. Les premiers patins sont fabriqués à partir d’os (tibias ou côtes) d’élan, de renne ou d’autres animaux. D’ailleurs, le mot « patin » viendrait de « patte ». Au XVIIIe siècle, le patinage est un passe-temps social et récréatif en France de même qu’en Grande-Bretagne. Le premier club de patinage voit le jour à Édimbourg, en 1742.

Le patin subit plusieurs modifications au fil du temps avant d’en arriver aux lames d’acier ou de type tubulaire que l’on connaît aujourd’hui. Les lames faites entièrement de fer apparaissent au XVIIe siècle, et les lames d’acier vissées et agrafées aux chaussures sont fabriquées dans les années 1850. En 1861, John Forbes de Dartmouth (Nouvelle-Écosse) invente la première lame à ressort, qui s’ajuste à l’aide d’un simple levier et ne nécessite ni vis ni plaques de métal. On la remplacera par une lame attachée de façon permanente à la bottine.